
Je suis rentrée en France.
Mon flacon de parfum s'est vidé dans mon sac, imbibant ma brosse à dents. Mon haleine sent les fleurs des champs.
Sur mon lit, cette carte postale avec une image de Banksy, une déclaration d'amour de Nicholas que je n'ai lu qu'une fois arrivée. Sinon ça aurait pu me tenter de rester sur l'île.
Ces derniers instants à Londres ont été fous.
Le vendredi j'ai été invitée à manger chez Mike et Anna. Elle a cuisiné un plat très anglais, un kedgeree; et avait acheté du fromage british. Je l'aime beaucoup; pas seulement car elle a donné mon numéro à Nick mais aussi car elle respire la bonté. Elle m'a invitée à revenir chez elle si j'avais besoin d'un hébergement à Londres, j'ai vraiment apprécié.
Le samedi je suis allée à East London passer mon TOEFL. Je n'étais pas prête, n'avais pas ouvert un bouquin mais on peut considérer que les neuf mois précédents passés en Angleterre étaient un bon entrainement. Je m'attendais à une fac high tech vu le nom : college of business et computing. Mais j'ai en fait atterri dans l'endroit le plus déprimant de Londres: tableaux horribles aux murs, moquette rouge défraîchie, fausse plante. Au début de l'exam, j'avais envie de partir et profiter de ma dernière journée libre à Londres. Mais non, je suis restée jusqu'à la fin, j'avais tout de même claqué 185 dollars...
Le soir, je suis allée chez Nicholas, on a commandé à manger indien et je me suis endormie, exténuée devant son film préféré (14 angry men). Le matin, je suis partie travailler.
Ce dimanche là, c'était mon dernier shift. Après le service, je suis restée boire avec mes collègues. Ils m'ont offert un livre de cuisine et un coussin avec l'union jack. J'ai été touchée. Contre toute attente, je n'ai pas pleuré.
Ce matin, je me suis levée à 9h. Nicholas a déclaré avoir une course à faire. Il n'est revenu que 2h après, alors que j'étais douchée, avais nettoyé ma chambre, fini de boucler mes valises. On a mangé des croissants, des mûres et bu du smoothie à la mangue. Il m'a ensuite offert son livre préféré: keep the aspidistra flying d'orwell. Puis le taxi est arrivé, il m'a accompagné. J'ai enregistré mes bagages. Puis il a pris une bière, une doom bar comme à son habitude; et moi un expresso.
J'ai volé.
Papa m'attendait.
A la maison, maman arrosait les fleurs. Elle avait cuisiné un civet de lièvre pour moi. On a bu l'apéritif. J'ai téléphoné à mamie. Regardé le film de ma soeur. Pensé à Nicholas. Défait mes valises. Me suis dit que ma vie était un gros bordel.
Photo: en hommage à Jono Cox, l'homme le plus déjanté du monde