jeudi 30 avril 2009

30.04.2009


Dernière publication d'avril. Je suis prête à affronter le mois de mai.

J'entretiens la vive conviction que les trois brins de muguets séchés du jardin que ma mère m'a expédiée me protègeront de la grippe porcine durant mon voyage au Canada. Concernant le nombre de cas décelés, suspects ou je ne sais quoi, encore un fois la France montre son talent en ce qui concerne la falsification des chiffres (après ceux du chômage par exemple).

En ce moment je me souviens de mes rêves, ce qui ne m'arrive pas souvent. Je rêve en anglais, et à chaque fois j'insulte des gens (en français). C'est quoi mon problème? Ca doit me manquer de ne pas dire « putain » à chaque fin de phrase.

Jono m'a offert un stylo magique qui s'efface.

Les cafards de l'appart sont morts.

*Sur la photo, c'est Ben Frost.

mardi 28 avril 2009

28.04.2009


Bon, comme d'habitude, à chaque fois que je dois voyager, y a un soucis. J'ai déjà survécu aux bombes thaïlandaises alors c'est pas une petite grippe qui va me faire peur.

Aaah, le pouvoir des médias. C'est vrai que le mot « virus mutant » est assez flippant. On appelle ça de la prévention, il paraît. Moi je crois que ça ne fait pourtant qu'augmenter la psychose. Et je préfère à la rigueur qu'on me parle de Carla et l'autre princesse espagnole qui porte la robe de je ne sais plus quel créateur.

Dans le Monde on lit:

(les commentaires en italiques sont mes propres réflexions)

« Quels sont les pays les plus armés pour résister à ce genre d'épidémie ?
Les plus avancés sont les Chinois (imaginez le pouvoir de cette phrase hors de son contexte, ça ferait bien mal à l'occident de le reconnaître). Pour juguler (je jugule, tu jugules? Ça existe?)l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), ils ont construit un hôpital doté de 600 lits à l'isolement et développé des services pour la prise en charge des malades contagieux (ah oui, c'est bien les plus avancés alors. Faut croire qu'ils avaient tout prévu voire sont à l'origine d'une conspiration. Tout ça pour être les maîtres du monde dans de plus brefs délais). En Italie, il y a deux hôpitaux avec des dispositions similaires (bouh la honte! Que deux!). En France, nous ne sommes mêmes pas capables d'enrayer des épidémies comme la gastro-entérite et la grippe traditionnelle (même pas capables! Vous imaginez! Une nation de notre rang! Derrière les Chinois et les ritales...). »

Bref.

Si à mon retour on me met en quarantaine, ça me fera des vacances supplémentaires.

Je crois qu'on ne regarde pas dans la bonne direction.
Le danger, le vrai, vient d'ailleurs.

*Photo d'un invader mutant repéré à Notting hill.

lundi 27 avril 2009

27.04.2009


La délation. C'est moche. Pourtant, dans le métro londonien, des posters géants font la promotion de la nouvelle « anti-terrorist hotline ». Rien de plus naturel, une suggestion glissée comme ça, entre une pub pour le chocolat au lait (mais light) et des vols easyjet pour Malaga à partir de 56£.

Il y a bien les hallucinations collectives. Alors pourquoi pas la paranoïa collective. Je prescris une thérapie de groupe.

En parlant de terroristes, le lien est vite fait avec mon pote Sam, Palestinien. On a pris un dernier verre ensemble. Il rentre à Gaza. C'est triste, tous les gens que j'aime bien partent de Londres...Du coup, je suis allée trainer vers Brick Lane et j'ai noté un détail. Tout comme à Toulouse les noms des rues sont traduits en occitan, les panneaux de Brick Lane sont aussi en Indien (j'ai d'abord cru que c'était du Thaï mais vu le nombre de mecs qui veulent te vendre du curry, c'est sûr, c'est de l'indien).

*Photo hors de propos, comme d'habitude. D'une mouche qui jouait du piano debout. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

dimanche 26 avril 2009

26.04.2009


Des fois, les profs de philo sont cons. Ils donnent des dissertations à leurs élèves du type : « l'art est il utile? ». Et les gamins d'en conclure que NON.

Du coup, ma soeur qui voulait étudier l'histoire de l'art remet son avenir universitaire en question. « J'ai envie d'être utile ». Du coup, elle pense s'investir dans la protection de l'environnement, passer son permis de conduire, et faire du couchsurfing dans des fermes (ou un truc du genre).

C'est pas facile d'avoir 17 ans.

Encore moins d'en avoir 22, des fois. On a de moins en moins droit à l'erreur niveau « orientation ».

Puis il y a ces lettres de motivation que je dois rédiger pour mes dossiers de master. Comment se mettre en avant sans mentir? J'ai toujours eu envie de leur écrire :

« Très cher professeurs, moi aussi j'ai envie d'être utile. Acceptez moi dans votre master. J'ai tous les diplômes qu'il faut, et des mentions aussi. Je parle français, pas trop mal anglais, et je peux aisément améliorer mon espagnol.

Bien entendu, je n'ai aucune expérience dans le domaine qui m'intéresse mais comprenez moi. Vous aussi, qui n'êtes jamais sorti de l'université, qui êtes simplement passés du statut de l'auditeur à l'orateur, que connaissez vous du monde du travail? Je vous comprend, ce n'est pas facile d'être un intellectuel tous les jours. Alors tentez de me comprendre à votre tour.

Je n'ai plus foi en la méritocratie, et ne suis pas sûre que votre diplôme m'aidera à trouver un vrai boulot, devenir riche et utile. Mais ça peut toujours aider. En espérant que vous aurez apprécié ma franchise (même si ce n'est pas la principale qualité requise en matière de science politique). 
Ci-joint mon CV qui dit aussi la vérité (ne vous focalisez pas sur la photo, je ne suis pas qu'un physique).»

Je suis sûre que cette candidature retiendrait leur attention.

samedi 25 avril 2009

25.04.2009


Visite de Cambridge.

Je suis partie de King's Cross Station. Non pas sur le quai 9 ¾ qui mène au lycée Poudlard mais d'un quai quelconque. On a pas toujours ce qu'on veut dans la vie.

Au moins, on avait presque la chance de notre côté, le temps n'était pas trop pourri (après la pluie, le beau temps. Enfin une maxime qui dit la vérité) et Séverine avait même sorti ses nu pieds. Moi, prudente, j'avais mon parapluie.

Je m'attendais à trouver une ville peuplée de l'élite du monde. Et bizarrement, j'imaginais l'étudiant lambda de Cambridge comme un geek à lunettes, un peu autiste sur les bords (si on ne l'est pas, on le devient vite après de longues heures passées dans la pénombre d'une bibliothèque). En réalité, la future élite du monde est tout ce qu'il y a de plus banal.

J'ai même vu des diplômés qui fêtaient ça, avec le costume qui va avec, les parents fiers de leur progéniture. Et la photo sur le gazon trop vert pour être vrai. Tout ça pour dire que Cambridge, c'est rock'n roll: une fois le diplôme en poche, on ne respecte plus les règles, on ignore les panneaux « pelouse interdite » pour aller prendre la pose en compagnie de papa-maman.

Etudier à Cambridge, ça doit être une expérience.

Nous nous sommes contentées de visiter quelques collèges. En particulier, King's collège et St John's. Je ne me lasse pas de l'architecture gothique anglaise.

Entre les parcs, les collèges et les églises de la ville, serpente un fleuve. Le canotage constitue une des attractions majeures. Ce n'était pas des gondoles, mais on se serait presque crues à Venise. Et the bridge of sighs ressemble étrangement au pont des soupirs (version ritale).

J'ai vraiment aimé découvrir ce que peut être une ville-campus anglaise. Les ruelles, les marchés, la nature presque sauvage, tout semble teinté de ce charme provincial qui manque à Londres. On deviendrait presque débile à force de vivre en ville, et tel le parisien qui s'émerveille au salon de l'agriculture, la vue de champs et de chevaux depuis le train vous rend simplement heureux.

*Hier:

Un client du pub m'a donné une pièce canadienne par erreur. Une pièce de 25 cents qui ressemble aux 10 centimes de pounds. Sauf que dessus, le portrait d'un caribou remplace celui de la reine...

J'ai découvert que les anglais avaient leur sangria. On appelle ça un « dressed pimm's ». La recette: Pimm's (alcool traitre qui ne semble pas alcoolisé), limonade, menthe fraîche et tous les fruits frais qu'on peut trouver (concombre inclus). Le pimm's se boit tellement facilement dès les premiers rayons de soleil qu'on ne compte pas une pinte par personne mais un pichet (véridique).

jeudi 23 avril 2009

23.04.2009


J'ai enfin eu l'explication à cette intrusion policière dans notre appartement. Les flics cherchaient en fait Ijazz mon ex coloc Pakistanais. Visiblement, l'asile politique lui aurait été refusé (ce qui m'étonne sachant qu'il est issu d'une minorité qui se fait massacrer) mais j'imagine qu'il a mal du remplir le formulaire.

Bref, Ijazz est désormais recherché. Il a un faux passeport Suèdois (pourquoi pas, même s'il n'a pas vraiment le physique qui va avec). Et il a présenté cette fausse pièce d'identité au job center (équivalent de l'ANPE). Il s'est jeté dans la gueule du loup en somme.

Sinon, samedi je visite Cambridge. Ce fût difficile de se décider, y a tellement d'endroits à découvrir...

En face de ma fenêtre, les préfabriqués moches et inhabités ont été reconvertis depuis peu en garage pakistanais. Les tas de pneus, c'est idyllique comme vue

mercredi 22 avril 2009

22.04.2009


Il fait beau et je suis enfin allée me poser dans l'herbe du parc d'à côté. Ce n'était pas arrivé depuis des mois; depuis octobre en fait. Les oiseaux chantent, les écureuils gambadent et des mecs au torse laiteux jouent au rugby.

J'ai acheté mon guide touristique pour le Canada et vais pouvoir commencer à me mettre dans l'ambiance. Je pense que là-bas je vais être la reine du pétrole vu le taux de change: 1£ = 1.8$ canadien.

Ce matin j'ai vu un couple de vieux qui prenaient un café en terrasse avec leur animal de compagnie atypique: un perroquet. Je me suis dit que vu l'espérance de vie de ces oiseaux, il s'agissait d'un bon choix pour tous les frustrés affectifs.

J'ai imprimé plein de dossiers d'inscription à des master. Je déteste remplir les formulaires. Ils demandent tous une réponse accompagnée de pièces jointes telles que des enveloppes de tailles différentes. Sauf que les formats qu'ils veulent n'existent même pas en Angleterre. Et je suis sûre qu'une enveloppe au format non règlementaire est un motif suffisant à recaler un candidat.

Heureusement, j'ai une tablette de 230g de chocolat, vendue à moins de 2£.

mardi 21 avril 2009

21.04.2009


Hier soir je n'arrivais pas à dormir alors je me suis relue et j'ai trouvé cette vieille pensée à propos de mon blog : « Il faudra que j'écrive un article sur l'immigration polonaise en Angleterre. Et je sais de quoi je parle, il y a du ketchup Pulitzky dans le frigo ».

Ce devait être un peu prémonitoire, cette histoire d'immigration.

Parce qu'à 5h50 (du mat') j'ai été réveillée par quelqu'un qui frappait à la porte de l'appartement. Vu l'heure, je me suis dit que mes colocs devaient dormir à poings fermés et ne seraient pas descendus acheter quelque chose en oubliant leurs clés. Le bruit se faisant insistant, je suis sortie de ma chambre. Et là, je savais qu'il fallait que je sois percutante.

Alors j'ai demandé « Yes??? ».

Les coups ont cessé mais personne n'a répondu. Du coup, je suis allée me recoucher pensant que ce devait être un gars bourré qui n'avait rien d'autre à faire. Une fois dans mon lit, les coups ont repris de plus belle. Je commençais à me dire qu'en fait, de l'autre côté ce devait être un psychopathe. J'ai fermé la porte de ma chambre à clé.

Finalement, Sam s'est levé.

C'était les flics.

Sur le coup, c'était tellement surréaliste de les voir débarquer là que j'avais l'impression d'être dans un rêve absurde. Du coup,mes souvenirs sont assez troubles. Quatre flics je crois, dont une femme.
Ils m'ont demandé si je vivais seule dans cette chambre, d'où je venais et mon passeport.

« Quelqu'un » les avait informés que « quelqu'un » n'ayant pas de papiers en règles vivait sous notre toit. Je ne sais pas qui sont ces quelques uns.

Après avoir réveillé toute la maisonnée et contrôlées nos pièces d'identités, ils sont partis. Moi j'ai fermé ma porte après le « sorry love » de l'officier.

De retour dans mon lit, j'ai réalisé que ça c'était vraiment passé et me suis dit que ces keufs là étaient vraiment nourris à la série américaine pour mener de telles interventions pour rien. Je ne sais même pas si c'est légal de rentrer chez les gens comme ça. La prochaine fois je leur demanderai leur mandat de perquisition.

Avant de tomber dans mon sommeil, je me suis dit que cette histoire était folle. Et j'ai compris ce que voulait dire « Etat policier ».

Sinon, la soirée au Earl Spencer était bien.

En cas d'urgence, appelez le 999.

*PS: expo à voir pour ceux qui sont à Paris.

dimanche 19 avril 2009

19.04.2009


Brièvement.

Si A + B = AB, plus de real life = moins de virtual life. Ce qui entraîne moins d'actualisation du blog. (PAS DE QUOI S'ALARMER MAMAN).

En d'autres termes, ma vie est presque palpitante en ce moment.

Ce soir, je vais à une soirée plage au pub. Nous avons exceptionnellement fermé à 5h pour faire la fête (bien mérité après Pâques) entre membres du personnel.

Samedi je vais visiter une ville anglaise avec Séverine. Peut-être Canterburry car en fait le billet pour Bath, acheté au dernier moment est trop cher.

J'ai passé quelques jours en compagnie de Johannes. Pour approfondir ma connaissance de la ville, j'ai visité l'abbaye de Westminster (style gothique anglais comme j'aime) et l'expo du Tate Modern sur les constructivistes (Popova et Rodchenko). Je crois que là, j'ai plus ou moins fait toutes les expos des grands musées londoniens du moment.

Je passe de plus en plus de temps à East London. Parce que même si aucun guide touristique n'en parle, c'est là que ça se passe (pour vivre et sortir pas cher). Je le saurai pour la prochaine fois.
Alessandro part bientôt alors nous avons fait un repas ensemble (mélange du cuisine italienne et un « upside down » Palestinien -enfin un plat dont je ne me souviens plus du vrai nom arabe), suivie d'une tournée des places to be de Brick Lane.

Sinon, quand j'ai donné mon dernier loyer à Kristina, 40£ auraient bizarrement disparus. Je suis trop stupide, j'ai juste déposé mon enveloppe derrière la bar du restaurant, sans faire vérifier le montant à Delphine. Je ne sais pas ce qui s'est passé, si mon loyer s'est mélangé au contenu de la caisse ou quoi. Je ne veux accuser personne. Résultat des courses, il va falloir que je paie les 40£ manquantes (je suis sûre d'avoir donné le bon montant à la base, j'avais vérifié). Une leçon de plus pour moi, je crois que je ne vais finir par ne plus faire confiance à PERSONNE dans ce pays. Ils veulent tous de la thune, les rapaces. Et je suis tellement fatiguée de négocier pour tout que s'ilS me demandaient un rein, je ne dirais sûrement pas non.

J-15 avant le Canada.

Je vais enfiler mes tongs et collier de fleurs pour ce soir.

dimanche 12 avril 2009

12.04.2009


Happy Easter (Joyeuses Pâques quoi)!

Comme c'est jour de fête, on a eu des pancakes au pub. Et des fraises. Et des oeufs au chocolat.

Le cuisinier Justin m'a offert un Kinder Surprise. J'avais oublié que ça existait.

Quand j'étais petite je trouvais que c'était génial. Surtout les boites de 12 en forme de maison enneigée qu'ils vendaient à Noël. Ils ont changé le design de l'oeuf jaune en plastique contenant le jouet. Plus besoin d'utiliser ses dents pour l'ouvrir. Pas trop tôt après toutes années. Je pense qu'il aura fallut une cinquantaine de procès intentés par des parents dont les gamins furent victimes d'étouffements à base d'oeuf en plastique pour que Kinder fasse quelque chose. Bref, j'ai eu un chat orange en cadeau dedans. Trop facile à monter. On a tous conclus que les Kinder Surprise, c'est plus ce que c'était. C'était mieux avant.

Ce soir je ne fais rien. Ca fait du bien. J'ai le sentiment que depuis une éternité entre le travail, les visites, mes sorties, je n'ai pas passé une soirée banale et contre productive, avachie chez moi. Si j'ai assez d'énergie, je me fais les ongles.

J'ai lu aujourd'hui dans le journal (The Observer) un article intéressant au sujet d'immeubles squattés par des artistes. Sur le papier ça semble sympa, et loin des clichés de squats crados avec poils de chiens sur la moquette et coloc qui fait une overdose dans la baignoire.
Non, là, il s'agit d'artistes qui un fois leurs études terminés, squattent des apparts. En Angleterre, ce n'est pas un crime et le squattage est même parfois encouragé par les mairies de quartier vu le nombre de bâtiments inoccupés. En particulier, l'article citait mon quartier, celui de Wandsworth. Ca m'a étonnée. Et du coup ça m'a dégoutée vu le fric que je claque dans mon loyer... Rien que pour ça, ça donne envie de se mettre à la peinture.

La mode de vie en squat est présenté comme offrant une grande liberté, pas besoin de payer de loyer(dans la capitale la plus chère d'Europe, ce n'est pas négligeable), donc pas besoin de travailler comme un forcené, et plus de temps pour se concentrer sur ses créations. Aussi, ces squats sont des sortes de collectifs d'artistes qui organisent par le suite des projets culturels.

En lisant ce genre de chose, je me dis que Londres est comme un iceberg. La ville n'est pas vraiment ce dont elle a l'air. Les trucs touristiques, chers, les clichés sont la partie émergée. Je trouve que découvrir la partie immergée de l'iceberg est plus difficile voilà pourquoi la découverte de cette ville nécessite du temps. Au départ, j'ai été déçue en arrivant à Londres, je m'attendais à trouver plus de plans sorties undergrounds, plus de subculture. Il faut bien chercher pour en trouver. Pour ça, il faut aller parfois dans les quartiers les moins attractifs comme ceux d'East London. C'est d'ailleurs sur ces murs là que s'affiche le street art; les beaux quartiers n'en veulent pas.

En tous cas, la nouvelle génération de « posh squatteurs » (squatteurs chics), des bobos anglais en plus rock'n roll, sont de plus en plus attirés par les beaux quartiers. Pourquoi se refuser ce plaisir après tout...

Je sais ce que je veux être dans une prochaine vie (ou celle là...): une posh squatteuse.

samedi 11 avril 2009

11.04.2009


Maman, Marlène et Tatie viennent de repartir. Dernière image, l'ombre de ma soeur derrière la vitre teintée de la BMW, conduite par un Pakistanais bien sûr. On écourte les au revoir, fait semblant de ne pas avoir la larme à l'oeil.

Comme à chaque fois après le départ de visiteurs, ma chambre me semble bien trop grande pour moi toute seule.

De toutes façons, dans 2 mois je rentre en France. C'est décidé, « je reste » comme diraient les autres chez Lepers. Une fois mon TOEFL passé, je boucle les valises.

Entre temps, le travail, les révisions, les visites et mon voyage au Canada vont pas mal m'occuper je pense.

Je suis en train de planifier une visite de ville avec Séverine, peut être Cambridge, ou bien Bath ou Canterbury. On a que l'embarras du choix; et c'est vrai que les beaux jours donnent envie de sortir de Londres.

Aujourd'hui, il pleut. Ce soir je travaille, c'est mieux que se morfondre sur le départ de sa famille de toutes façons.

Je crois qu'elles ont apprécié le séjour même si elles en sont ressorties plus ou moins ruinées...

Un soir, nous sommes allées manger ensemble au Earl Spencer. Elles ont ainsi fait la connaissance de Jono qui s'est joint à notre table. Il n'était pas trop soul, un peu bien sûr, et son jeu était de prendre des photos de tout le monde (je pense qu'il aime juste l'éclair produit par le flash). Sinon, hier il s'est rasé le crâne. Je pense qu'il faut y voir là un acte d'automutilation. Comme la fois où il s'était repercé l'oreille au milieu du pub...En tous cas, on a été traitées comme des reines (vin, crevettes, fromage offert et discount sur le repas).

Avec la famille nous avons fait les classiques de Londres. La relève de la garde est la plus grosse supercherie qui soit. On a attendu 30 minutes pour rien avant de s'apercevoir qu'exceptionellement il n'y avait pas de changement de la garde...J'aime autant Covent Garden, China Town et l'ambiance de Soho.

On est allées à Portobello road, au marché. J'aime beaucoup l'atmosphère du quartier, à la fois bourgeois mais poétique et décalé avec des façades aux couleurs pastels ou flashy. J'aime les magasins d'antiquités et la boutique de vrais cup cakes.

J'ai enfin visité l'intérieur de la cathédrale St Paul qui s'est avérée être très belle. Avec Marlène nous sommes montées au pas de course jusqu'au sommet (plus de 200 marches) mais après cet effort je n'ai pas trop eu le temps d'apprécier la vue car je devais travailler. C'était bien quand même. J'aime bien être perchée et regarder passer les gens dans la rue, des fourmis.

En parlant d'insectes, on ne voit plus de cafards. Les cadavres sont désormais évacués...

Le frère à Kasia est là.

Demain c'est Pâques, je travaille. RAS. J'ai du chocolat Harrod's en stock, ça me satisfait.

Bientôt au Earl Spencer nous organisons une soirée avec le personnel. Barbecue au programme et tongs de rigueur. Je vais pouvoir sortir le collier de vahiné offert par les escazeauciens avant mon départ, avec des fleurs bleu blanc rouge. Faut bien que je sois cliché des fois, les Anglais aiment bien ça.

*Bonus: une photo de deux filles que je connais pas et qui crânaient à Picadilly Circus.

06.04.2009


J'attends les filles de la famille. Maman va sûrement larmoyer comme d'habitude...

Un mec est enfin venu pour traiter les cafards. Apparemment, ils vont tous sortir du leur terrier, mourir sur le dos et leur congénères survivant vont les dévorer. Ainsi, le poison se propagera et ils seront tous éradiqués. Pour combien de temps?

Hier soir je suis sortie à Brick Lane avec Sam (coloc à Malou, pas le mien) et Alessandro. Ce dernier nous a fait une démonstration de la fièvre rock'n roll sur du James Brown, il dansait, comme possédé par la musique. C'était marrant, tout le monde le regardait. Bientôt, il rentre en Italie. Dans un mois aussi, Sam rentre en Palestine. Ca fait 8 ans qu'il n'y est pas revenu et n'a pas vu sa famille. Même s'il sait que c'est dangereux, il défini sa relation avec sa patrie comme une addiction. Il a juste besoin d'être chez lui. Son seul regret: ne pas être né Israëlien. Il m'a expliqué que même dans les pays arabes, il est mal vu et dès qu'il montre son passeport on le soupçonne de terrorisme.

Ca doit pas être facile tous les jours.

samedi 4 avril 2009

04.04.2009


Dans un mois exactement, je pars au Canada.

Je me tate toujours entre rester à Londres jusqu'à fin juin ou plier bagages après mon escapade américaine. Ca dépend des jours et de l'humeur en fait.

Quand je repense à Christina à qui je vais donner 20£ de plus par visiteur, comme on donne un os à ronger à son chien pour être tranquille deux minutes, je me dis, je pars. Quand je pense à Toulouse, ma vie d'avant qui me manque, je pars. Quand je calcule qu'en bossant à plein temps comme serveuse ici il est difficile d'épargner, je pars.

Quand je pense à tout ce que je n'ai pas encore vu ici, je me dis je reste. Quand je pense à perfectionner mon anglais, je reste.

On se croirait chez Julien Lepers. Sauf que chez lui, les candidats disent toujours « je reste » après le roulement de tambour.

Ce matin, je me suis levée à 5h45 et ça m'a fait drôle. Ca n'avait pas du arriver depuis le lycée ou conditions exceptionnelles (genre prendre un vol low cost super tôt). Les rues de Southfields étaient désertes. C'était assez plaisant. Ca m'a inspiré une future série de photos qui s'intitulera « Mes chers voisins ou « Guess who » ». L'idée: prendre en photo la facade des maisons. Elles ont toutes leur cachet avec bow windows, jardinet, portes aux couleurs différentes, vitraux. Ne pas oublier la belle voiture (toujours propre) garée devant. « Guess who » car c'est le nom du jeu « Qui est-ce? » en Anglais. Et que ce matin je me suis amusée à deviner qui pouvait habiter dans chaque maison seulement en fonction de la devanture.

Je m'égare.

Je me suis donc levée avant 6h pour aller préparer un petit déjeuner dans un hôpital pour enfants. Les patients n'ont pas le droit de sortir donc leurs familles leurs rendent visite. Avec les filles du Rotaract nous avons donc servi du pain perdu (appelé French Toast ici) et autres mets aux familles. La scène se déroulait dans une Ronald Mac Donald House. Le géant de la malbouffe a un coeur malgré tout et fait dans la charité – ou plutôt a eu la brillante idée de poser des tirelires sur ses comptoirs. En tous cas, la cuisine était immense, agréable, donnant sur un jardin, avec une salle de jeux pour les enfants. Mis à part une boutique « Ronald Mac Donald House » (comme si les gens qui y mettaient les pieds avaient envie d'emporter un souvenir de cet endroit...), pas de pub pour la chaîne de restaurants.
De toutes façons, leur enseigne est déjà sur le mur géant de Picaddilly et ils paient des hommes sandwiches (ou hommes big macs) pour tenir des panneaux dans la rue avec leur logo (job intéressant).

Je suis fatiguée mais n'arrive pas à dormir. Ce soir je travaille, ça va être pénible.

Flash back: hier j'ai vu Séverine, on s'est retrouvées à South Kensington. J'aime bien les quartiers bourgeois, c'est beau.
J'ai mangé un vrai cup cake lemon coconut (ceux que j'avaient goûtés jusqu'ici sont de pâles copies en fait).
J'ai remarqué que sur les feux tricolores, là où les piétons attendent pour traverser, à 2 mètres de haut il y a aussi un bouton pour les cavaliers. Quand ils peuvent passer, le cheval est vert. C'est plutôt cool.

Lundi, la famille arrive. Encore une fois je vais faire la guide.

jeudi 2 avril 2009

02.04.2009


(Say « no » in your mind.)

Rappel: au mois d'avril, ne te découvre pas d'un fil.

(Take a slow and deep breath)

J'ai parlé à Christina et contre compensation financière, elle me laisse vivre et accueillir qui je veux. C'est la crise, tellement facile d'acheter les gens ici pour quelques pounds de plus...

(Relax)

J'ai ouvert mes bouquins pour le TOEFL. J'aime particulièrement l'introduction et les conseils avisés qui y sont donnés: « If you start to panic in the examination room, close your eyes and say « no » in your mind. Tell yourself « I will not panic, I am prepared ». Then, take several slow, deep breaths, letting your shoulders drop in a relaxed manner as you exhale. »

J'ai rassemblé « quelques » affaires que je compte refourguer à ma mère quand elle viendra. Bon, en fait, ça rempli bien une grosse valise déjà. C'est fou tout ce qu'on peut amasser en quelques mois...Surtout quand on est une fille.

(Exhale)

mercredi 1 avril 2009

Plus belle la vie à East End London?


Archie abandonne sa propre fête d'enterrement de vie de jeune garçon pour s'entretenir avec Danielle, jusqu'où ira-t-il pour l'empêcher de révéler la vérité?

Peggy est choquée de voir ce que ses amies lui ont réservé pour son enterrement de vie de jeune fille; et Roxy essaie de garder son coup de foudre secret.


Voilà le résumé du dernier épisode de la cultissime série Eastenders diffusée par la BBC depuis 1985. Véritable succès en Angleterre, elle atteste que depuis longtemps les britanniques ont acquis le (mauvais) goût des soap operas. Il faut croire que les Français ont eux aussi, tardivement mais sûrement, été gagnés par cette nouvelle passion. Quand commence Plus belle la vie, le monde s'arrête, on mange ses haricots verts en silence, retenant parfois son souffle et « passe moi le sel » devient aussi irritant qu'un spectateur dévorant bruyamment son pop corn dans l'obscurité d'une salle de cinéma.

Un article du journal anglais The Independant s'interroge « How the French finally acquired a taste for soap? ». C'est vrai ça? Qu'est-ce qui nous arrive?

Visiblement, c'est Plus belle la vie qui a changé la donne en 2004.
PBLV, en abrégé, est devenu le partenaire des soirées des Français, comme un ami de la famille qui s'invite tous les soirs au dîner. On ne s'en lasse pas (?). La série a déjà réuni 13 millions de téléspectateurs et est définie par The Independant comme un « véritable phénomène culturel ». Je parlerai plutôt de non-culture (n'ayant jamais eu la patience de regarder un épisode de Plus belle la vie en entier)...

PBLV est construite sur le modèle des séries anglaises: comme dans Eastenders, les personnages sont issus des classes moyennes et inférieures de la société. Pas spécialement brillants, au physique banal voire parfois ingrat, avec leur lot de problèmes. Des personnages suffisamment humains pour que le phénomène d'identification fonctionne.

Cependant, on se lasse vite de regarder défiler devant nos yeux un quotidien banal, nous rappelant trop le notre. Pour pimenter la sauce, le scénario de Plus belle la vie met en scène 45 meurtres (en 4 ans, ce qui n'a rien de plausible), différents viols et kidnappings, une émeute, une épidémie...
PBLV exprime aussi le changement des moeurs de la société, montrant le premier baiser homosexuel à la télé française.

Le tout se déroulant dans le quartier marseillais fictif du Mistral. Eastenders met aussi en scène ses personnages autour d'un square victorien n'ayant jamais existé (The Albert Square). Des séries en hui clos qui nous rappellent une fois de plus que l'enfer c'est les autres.

Après PBLV, Paris 16ème (série que je n'ai encore jamais eu l'occasion de regarder) met en scène le gratin parisien du prestigieux arrondissement, les nouveaux riches west-enders, aux vies bling-bling . Une sorte de « Dallas-sur-Seine » d'après The Independant.

PBLV a impulsé une résurrection du banal et représente un véritable succès malgré sa qualité. Cependant, les Anglais, lucides, se demandent : pourquoi une nation telle que la France, avec une scène littéraire prestigieuse, une industrie du cinéma indépendant reste incapable de produire des séries télé plus intelligentes et réalistes?

Very hungry god


J'ai trouvé une photo de cette sculpture de Gupta dans The Times, en le feuilletant sur le comptoir du pub. Elle est constituée d'ustensiles de cuisine indiens.

"It's like finding a memento mori inside your Tupperware sandwich box"


Very hungry god pourrait aussi ressembler à un very hungry dog si on regarde bien.

Exposée dans une chapelle à Paris, exhibée sur une gondole à Venise; et aujourd'hui à Moscou. Pas à Londres, dommage.

*Sinon, ma mère m'a conseillé de faire une cure de vitamines. Parait que ça aide durant le changement de saison.