jeudi 30 octobre 2008

30.10.2008



On prépare halloween. Même si je ne sais pas encore ce que je ferai demain soir, je pense que les occasions de faire la fête ne manqueront pas – en plus c'est l'anniversaire à Malou. Hier nous sommes allées à Clapham dans un grand magasin de costumes qui vend tout ce qu'on pourrait chercher. Finalement j'ai opté pour un masque de chat (enfin, un mélange entre batman et le félin).

Dans la rue, je croise des gamins qui viennent d'acheter leur citrouille à creuser, dans certains pubs des toiles d'araignées au plafond ont miraculeusement apparues.

Niveau boulot, l'ambiance est moins à la fête. Je soupçonnais le boss d'avoir une tendance à picoler, j'avais remarqué qu'il buvait tout le temps du vin durant le service, qu'il disait des trucs bizarres. Mais hier soir, c'était pathétique pour lui. Quand je suis arrivée, il discutait avec une de ses amies, qui est venue nous dire qu'il n'allait pas bien du tout. En même temps, on l'avait remarqué. J'avais honte pour le boss, il était tellement soul qu'il ne tenait même plus debout. Il vacillait mais se servait un verre de rouge de plus; les clients le regardaient bizarrement. Ensuite il s'est assis dans un coin de la cuisine pour somnoler. Anneecke, une fille qui travaille avec moi lui a servi un plat de lasagnes; il s'est mis de la béchamel partout. GOCH!!! j'ai pensé, où je suis tombée??? Le cuisinier trouvait ça drôle, mais moi ça m'a déprimée d'assister à sa déchéance. Finalement, je ne sais qui l'a trainé jusque dans son lit, heureusement il ne vit pas loin mais au dessus du pub.
Tout était trop parfait avec ce boulot jusqu'ici...J'ai demandé à Ola, la manager si ça arrivait souvent; elle a déclaré que le boss était alcoolique, c'était arrêté un an et là, depuis ses histoires de divorce, avait repris...

Triste monde tragique.

*Image: Banksy, street artist.

*Bonus: Au comptoir, Debout sur le zinc. (dédicacée à mon boss)

mardi 28 octobre 2008

27.10.2008


Pile trois semaines que je suis arrivée, et il me semble que ça fait bien plus longtemps tellement j'ai fait de choses...Déjà, j'ai réservé mon vol pour rentrer en France à Noël, je suis impatiente de revoir tout le monde! Le hasard fait bien les choses, je serai dans le même avion que Delphine.

Hier soir je travaillais et oh surprise, je vois débarquer Kashia dans le pub, avec ses collants de femme léopard, perchée sur ses talons, et oh, surprise (bis) en compagnie de Paul. Pour résumer, ce dernier est ce qu'on appelle ici un regular, c'est à dire un habitué; en effet, il passe toutes ses après-midi accoudé au bar, lisant tous les journaux et sirotant un jus d'orange (ou de cranberries parfois, pour varier les plaisirs). Paul est un vieux, mais Kashia passe outre et sait user de son charme pour se faire payer des boissons (un chocolat chaud hier soir, elle est tellement infantile...). Donc tout le monde était surpris, le monde est petit.
Ce soir, elle remet ça et se fait inviter au cinéma par Paul (pour voir Saw V en plus; mieux vaut s'abstenir)...

Aujourd'hui, jour off. Delphine m'a montré Regent's Park, son jardin préféré. J'y étais déjà allée, enfin, je l'avais seulement traversé. Elle m'a fait découvrir des recoins dont j'ignorais l'existence. Au queen Mary's garden, les roses étaient en fleur. J'ai vu des cygnes noirs, assez bizarre. Et des écureuils totalement domestiqués.

Il paraît que j'ai un don pour reproduire les accents; Delphine me demande toujours d'imiter un anglais parlant français. On s'amusait à faire l'accent québécois; puis on entre dans un pub...la serveuse était québécoise. J'avais envie de rire, deux minutes avant on venait de dire que cet accent était moche...En tous cas, la fille m'a servie une boisson de fille, un cidre à la framboise, pas mal du tout. Je me demande s'il y a des mecs qui osent commander ça et se trimballer dans le pub avec une pinte rose. Enfin, ici, tout est possible.

lundi 27 octobre 2008

26.10.2008



Dimanche pluvieux. Ce soir je bosse, j'ai la flemme... Mais ici, pas de répis, même le dimanche toutes les boutiques sont ouvertes. Je trouve que c'est pratique; à Toulouse je me retrouvais toujours démunie en fin de semaine et le repas dominical se résumait souvent à un fond de paquet de pâtes...

On a changé l'heure, ça va pas améliorer le moral des troupes car à 15h déjà le crépuscule semblait proche. Je pense que cette histoire de changement d'heure profite aux pubs (ma thèse conspirationniste), car les soirées paraissent plus longues et il est bon de siroter une pinte dans un endroit douillet.

Hier avec Delphine nous sommes allées au marché de Portobello, celui des antiquités. Je connaissais déjà, c'est plein de touristes. Mais plus de badauds que d'acheteurs je présume, vu le prix des objets. A la base, on voulait trouver un miroir, mais ceux datant du XIX°s n'étaient pas dans nos prix...

J'ai visité l'appart à Malou, c'est plus une auberge espagnole en fait, situé à l'Est de Londres. J'ai senti la différence par rapport à notre quartier qui est plus riche; là-bas, les maisons font plus ghetto mais malgré ça il paraît que les quartiers populaires sont plus sûrs qu'en France. En effet, y vivre reste agréable, les rues sont animées...
Avec le coloc Palestinien de Malou on est allés boire un verre dans un bar à la déco éclectique, avec des meubles de récup; ça m'a fait penser aux cafés berlinois. Les murs étaient bleus pour justifier le nom de l'endroit : la casa blue. Ou alors c'est l'inverse, le nom justifiait la couleur des murs. Ils organisaient une soirée déguisée, sûrement un genre d'Halloween anticipé. A côté de moi, le sosie de Sarah Palin, Shubaka, le petit chaperon rouge et Luke Skywalker buvaient un cocktail. Mais j'ai pas fait long feu car le soir d'avant, samedi, nous étions sorties au Tiger Tiger; boîte célèbre du centre – mais qui m'a pas transcendée. 4H de sommeil par nuit ce n'est définitivement pas assez.

vendredi 24 octobre 2008

23.10.2008




Je travaille, pour changer. Déjà la peau de mes mains n'est plus douce; et je ne sais pas pourquoi je m'entête encore à faire consciencieusement ma manucure...J'aime travailler au pub; mais je pense que le bon plan c'est de faire comme certains, un mi-temps et donner des cours à côté. A creuser.

Aujourd'hui,c'était la garderie dans le pub. Georges, le gamin du cuisinier, tournait en rond avec son tricycle et réclamait des chocolats chauds à tout va. Mathilda, la fille du boss, m'a aidée à peler un oignon avant de juger que ça piquait trop les yeux finalement. Visiblement, travailler dans un pub ne rapporte pas assez pour se payer une nanny...Du coup, un des placards est rempli de jeux, crayons de couleur et livres pour enfants. J'aime bien parler avec eux, puis je comprends bien leur langage (limité).

En rentrant du travail, j'ai reçu une lettre de Christine, ça fait plaisir.

Pas de nouvelles de Mouse, elle doit savoir qu'on la recherche.

22.10.2008




C'est ma fête alors, bonne fête à moi même...

Des nouvelles du 185 Merton road. Les lieux sont investis par des ou une souris, je n'en sais rien. Avant, on la ou les voyait traverser la cuisine, sagement. Delphine déclarait trouver cette souris mignonne, comme une sorte d'animal domestique en fait. Mais depuis quelques jours, Mouse (on va dire que c'est son nom) laisse ses déjections partout dans la cuisine. Sur les plaques du four, dans le micro-ondes; dégueulasse en somme. A midi, Ejazz était vert, Mouse est entrée dans son pot de sucre, le crime est signé. Depuis, Mouse est en surcis, car il a juré de lui faire la peau la prochaine fois qu'il verrait ce « fucking bastard »...

Le travail au pub se passe bien. J'ai appris que le rêve du boss est d'ouvrir une auberge en France pour servir de la vraie nourriture – il a reconnu que ce qu'il vendait aux british dans son pub n'était pas excellent. Du coup, frustré de ne pouvoir partager son amour pour la France et le vin avec personne, j'ai toujours droit à ma séance de dégustation (avant ou après le service) mais c'est pas pour me déplaire.

Je trouve que les gens avec qui je travaille sont très accueillants. C'est vraiment différent ici, les gens se demandent comment ça va, non pas par convention mais parce que ça les intéresse de savoir si tout va bien. Aussi, bizarrement, même si on ne se fait pas la bise, dès qu'on se connait, on est plus proches et tactiles. Hier soir, après mon service, Annicke, une sud Africaine avec qui je bosse m'a fait un hug pour me dire au revoir; et m'a remerciée pour mon travail alors qu'elle n'est qu'une subalterne comme moi et que c'était la première fois qu'on bossait ensemble. J'apprécie vraiment cet état d'esprit.

Hier soir j'ai aussi rencontré deux Mexicaines qui travaillent au Earl Spencer, elles étaient trop contentes que je parle espagnol, c'est plutôt rare ici...C'est bien, on appelle ça, faire d'une pierre deux coups, je vais travailler mon anglais et mon espagnol.

Autre personnage clé du pub, Charlie, le chien du boss. Je l'aime bien, il est plutôt du genre très pacifiste, qui bave en voyant défiler les assiettes, qui attend la fin du service pour ronger tous les os qu'on a gardé pour lui. « Save food for Charlie » il y a écrit au dessus de la poubelle; au début je me suis demandé qui c'était...Et j'ai été rassurée de voir qu'il s'agissait d'un chien et non d'un humain...

En ce moment je bouges les meubles de la chambre pour organiser mon coin à moi. Ma colocataire est assez discrète mais bon...Elle me fait rire dans son genre. Delphine m'avait dit qu'elle ponctuait la fin de ses phrases en disant « man », comme dans le ghetto. Je n'avais même pas remarqué au début, mais mon oreille commence à se faire, man.

*Image: David et Goliath. J'aurais préféré « Goodbye Mouse ».

mardi 21 octobre 2008

19.10.2008


J'ai servi des assiettes de roast beef tout l'après-midi à une bande de rosbifs. Ce n'est donc pas un mythe, le dimanche on va au pub en famille pour manger sa portion hebdomadaire de beef. Pourquoi pas...

Le boss semble assez content de moi. Et en tant qu'amateur de vin, il est heureux de me faire gouter ses bouteilles pendant le service. Je suis une privilégiée car normalement, pas d'alcool durant le boulot. Mais pour les frenchies prétendues oenologues, John fait une exception. Pour ne pas le froisser, même si ce n'est pas un grand crû, je prétend que je trouve son vin très bon. Il va falloir que j'enrichisse mon vocabulaire afin de lui dire que celui là est fruité, cet autre un peu trop âpre...

Demain je suis off ( ne travaille pas), sûrement une virée à Camden au programme.

18.10.2008


Balayer la routine d'un quotidien pour en instaurer une autre. Ainsi soit-il.

Je me sens bien ici, parfois pas à ma place; et nostalgique en voyant les visages figés de mes amis qui sourient sur ces quelques photos accrochées sur le mur de ma chambre. Je les retrouverai et je pense qu'alors je saurai apprécier plus que jamais leur présence.

Le travail au pub. Je pèle des oignons, on me sert un thé avec nuage de lait, j'écris le menu au tableau, je sers des pintes, je retourne les verres sales, je lave des tables, j'allume des bougies, je sers des verres de vin, je tente de comprendre ce qu'on me dit, je débarrasse des assiettes vides...

Je ne suis pas intégrée, mais ici ça ne veut rien dire de toutes façons. On est pas en terre d'assimilation. Le pub semble être pourtant une grande famille où entre deux services on mange ensemble. La plongeuse asiatique, le cuisinier polonais, la serveuse française, le boss british et ses enfants qui parlent espagnol. J'aime cette ambiance cosmopolite où tout le monde vient de partout mais se retrouve là, assis à la même table.

« Goch, goch! » dit toujours Alice, ma collègue qui parle du nez. Ce qui signifie « Oh my god »; « Oh mon Dieu »! Ca me rassure, je la comprends de mieux en mieux. Concernant les autres, les clients qui font des blagues dont je ne saisis pas le sens, je rigole, histoire de faire comme si...
Je crois que le mot que je prononce le plus souvent durant une journée de travail est « sorry »; et encore, je ne comprends pas toujours quand les clients répètent. Donc je souris, histoire de compenser mon incompétence...Et je dis « yes, yes, ok, ok ».

Samedi, il est 23h30 et je suis déjà rentrée. Demain je travaille for lunch, je vais servir le fameux sunday roast beef donc il faut que je sois en forme. Bizarre, si j'étais en France ma soirée n'aurait même pas encore commencé...

Ce soir j'ai testé un pub bien baroque avec Malou, le Falcon à Clapham junction. Pas mal dans son genre. La gare est juste à côté et un type qui attendait un train en sirotant sa pinte est venu nous parler. Du coup c'était bien, on a travaillé notre anglais alors que si on avait été toutes les deux on aurait parlé français of course.

jeudi 16 octobre 2008

16.10.2008


Fini la rigolade, maintenant que j'ai assuré mes arrières et que j'ai un job, je peux me mettre en mode touriste les jours où je ne travaille pas...
J'ai donc passé la journée au centre. A la base, Delphine devait me servir de guide perso mais il se trouve que depuis quelques jours elle est malade et au moment de partir de chez nous, pas de chance, elle était au plus mal (infection urinaire, sans entrer dans les détails). Donc elle est restée à la maison pour faire le ménage, étendre mon linge et cuisiner des oreillettes (bonne à marier contrairement à ce qu'elle dit).

(Tant que je parle des oreillettes, venons en aux intrigues du 185 Merton Road...Il y a un cleptomane de l'oreillette parmi nous, et la coupable est toute désignée : Kashia. Ce soir, en voyant que Delphine en avait refait elle s'est écriée « Cakeees!!! ». Faut croire qu'elle adore les oreillettes – vu qu'elle a du manger la moitié de notre stock la dernière fois. En plus, elle vole nos carrés de chocolat en douce (on le sait car on les compte).)

Je suis donc partie seule à la redécouverte du centre. J'ai acheté une carte. J'ignore pourquoi vu que l'expérience a prouvé que je ne sais ni la déplier, ni la lire, ni la replier correctement. Bref, j'ai plus ou moins erré au hasard des rues. Je me suis retrouvée à Trafalgar au moment où ils célébraient un truc vaguement en rapport avec les JO Paralympiques – mais comme l'évènement n'est pas ou peu médiatisé, tout le monde s'en fiche, soyons francs.

J'ai visité la portrait gallery. Un moyen ludique de retracer l'histoire anglaise à travers le portrait (photo, peinture, sculpture, vidéo) des grands hommes de l'Histoire – parce que oui, hélas, les femmes se font rares.

J'ai retrouvé Malou, toulousaine exilée ici depuis plus d'un mois. Au bord de la fontaine à Trafalgar. Et dire que la dernière fois c'était au bord de la Garonne à la prairie des filtres...Elle m'a montré St James Park. Là bas il y a des pélicans et des transats (mais il faut payer pour s'asseoir).

Ensuite j'ai marché sans but. J'ai fait un détour par le magasin David and Goliath. Et j'ai décidé de rentrer à la tombée de la nuit. Mais j'ai pris le bus dans le mauvais sens. Sinon la vie serait trop parfaite.

*Image: la reine Elizabeth vue par Warhol, National portrait gallery.

mercredi 15 octobre 2008

15.10.2008


Une faille temporelle, ça doit être ça. Tout s'explique, les journées passent vraiment trop vite ici.


Donc c'est bon, j'ai un job. Pas officiellement puisqu'ici on ne s'encombre pas de contrats et compagnie. Hier soir, mon essai au Earl Spencer fut concluant. Je n'étais pas au bar mais servais le diner en salle. Les anglais ne sont vraiment pas difficiles niveau nourriture; je comprends qu'ils qualifient de « looovely » la cuisine française du petit Normand mais le steak-purée du pub...Doit y avoir un truc qui m'échappe.

Comme je ne connais même pas le nom de toutes les bières et variantes sous formes de cocktails, c'est plus simple pour moi d'assurer le service en salle. Je comprends à peu près ce qu'on me dit, sauf quand c'est Alice qui me parle. Ma collègue british parle du nez et avec un accent sorti de je ne sais pas où...Je pense qu'elle doit me trouver complètement ahurie comme fille. Mais elle n'a qu'à articuler correctement aussi...

Les présentations avec les habitués ont déjà été faites; Bill le pilier de comptoir et Paul, dans un genre plus intello qui lisait le journal. Ce sont les seuls à manger au bar et ne pas s'installer à une table. C'est vrai que c'est plus pratique quand on descend 5 pintes durant le repas.


Kashia attend halloween avec impatience. Hier elle a ramené son costume. Un costume de soubrette bien sûr. Incorrigible. En plus elle m'a expliquée que le mec du magasin lui a demandé si elle avait besoin d'aide, puis son numéro, puis si elle avait envie de prendre un café. Vu comment les choses s'amorcent, moi aussi il me tarde halloween. (Faudra qu'on pense à creuser une citrouille.)

dimanche 12 octobre 2008

12.10.2008


Des fois, j'ai des pensées profondes et je me dis, « la vie, c'est vraiment trop dur ».

Ce matin j'ai du me lever tôt pour un dimanche (11h) pour bosser au resto. Oui, c'est tôt après une soirée de folie ou saturday night fever. Après le service du soir, avec Delphine nous sommes sorties vers Brixton, quartier jamaicain. Dans la boite il y avait trois blancs dont nous...Pas besoin de faire de longs discours sur la ségrégation, il suffit de constater...Idem concernant les moeurs féminines. Je n'ai jamais vu ça, une fille ne pourrait jamais sortir en France habillée comme la londonienne lambda l'est. En résumé ça donne, jupe très mini, décolleté très plongeant et escarpins très hauts (accessoirement, oreilles de bunny girl ou casquette de policier). En fin de soirée on voit des filles rentrer chez elles pied nus; qu'est ce qu'il ne faut pas faire... J'avoue que si certaines portent bien ce look de femme libérée, sur d'autres ça flirte avec le vulgaire...Quoi qu'il en soit, c'est une chose que j'apprécie ici, que votre jupe vous aille bien ou pas, tout le monde s'en fiche.

Donc nous avons dansé (en escarpins) jusqu'à 3h, heure à laquelle la boite a fermé. Trop tôt à mon goût...Le temps de rentrer il était bien 4h. Le temps de manger, papoter, il était bien 5h.

Il paraît que Yann, le cuisiner du Petit Normand s'est bien amusé aussi. Il a fini au terminus d'une ligne de bus après s'être endormi durant le trajet. Il a pris je ne sais quel train. Est monté dans notre appartement et a dormi sur le pallier (?!). Je ne sais pas pourquoi. Et ce matin, il est directement parti au travail. Voilà le parcours ordinaire d'une fin de soirée londonienne...

11.10.2008


Toujours du beau temps.

Ce matin j'ai donc rencontré Dan le boss du pub, je commence mardi – en essai. We'll see. L'ambiance a l'air sympa; j'ai rencontré quelques membres du staff, des anglais et un type d'Afrique du sud. Mon entretien n'en était pas un, je pense que le boss voulait juste voir mon faciès. De toutes façons, tout est plus simple ici. Pas de « quelles sont vos qualités? Quels sont vos défauts? Vous avez de l'expérience? Avez vous un casier judiciaire? Pourquoi vous voulez ce job? ». Au plus tôt je commencerai le service à 10h du mat' et finirai au plus tard à minuit.

Les flics passent toujours sur l'avenue à fond, faisant hurler leur sirène. Moi je dis, il ne doit y avoir rien d'urgent, c'est du bluff. Tout ça pour arriver plus vite au pub j'imagine...

En parlant de pub, The Hawley Arms, situé à Camden (quartier des punks), le préféré de Amy Whinehouse va rouvrir (il avait brûlé). Et dans la presse gratuite tout le monde manifeste son inquiétude pour la santé de la rockstar. Ca lui permettra de retrouver prochainement ses copines en rehab... Visiblement, les Anglais suivent de plus près l'actualité people que politique (cf le nombre de pages consacrés aux potins dans les journaux...). Enfin bon, ça fait du bien de ne plus voir le mot « Sarkozy » et le nom de « Carla » à chaque paragraphe. « Black Friday » titraient hier les journaux – ah si, l'économie les préoccupe un peu tout de même.

Si j'apprécie le fait qu'ici les gens aient une meilleur culture musicale qu'en France, leur culture littéraire laisse cependant à désirer...Chez les libraires on ne trouve pas d'édition de poche, juste des best sellers (romans policiers, sulfureux, trucs commerciaux pour les filles, fantasy). C'est limité... Heureusement, j'ai ma bibliothèque de voyage avec moi comprenant du Sartre, Bukowski, Soldjenitsyne. Et un dictionnaire of course.

*La musique qui va avec: Rehab - Amy Winehouse

samedi 11 octobre 2008

10.10.2008


Je ne suis pas efficace. J'ai l'impression de tourner en rond parfois. Ca fait partie de la découverte, on ne peut pas aller droit au but quand on débarque.

Les ouvriers ont fait leur come back pour finir les escaliers. Parce que c'est la mode ici de poser de la moquette partout il faut croire... Du coup, Kashia en a profité pour brancher un des ouvriers. Elle regarde trop la télé je crois. En plus ils n'étaient pas du genre bien musclés en marcel. Non. Mais l'un d'eux était Polonais, alors bon, ça lui a fait une excuse pour lui demander son numéro. Peu après, je les ai vu prendre une pinte à la terrasse du pub d'en face. Affaire à suivre.

Je fais ma gossip girl, je viens de découvrir la série du même nom. Par le producteur de Sex and the city. Ca a l'air sympa (bien que manichéen) mais il paraît que ça a fait un bide ici...
Demain j'ai rdv avec le boss d'un pub à cinq minutes à pied. J'espère que je comprendrais ce qu'il me dit – il a un pur accent londonien et au téléphone c'est pas évident... De toutes façons ils sont prévenus, c'est écrit sur mon cv, je suis une frenchie qui débarque...Delphine me dit que le cycle des trainings ne fait que commencer. Au début elle a un peu galèré, fait des essais par ci par là qui ne furent pas concluants. Qui vivra verra...

Je trouve que la vie ici n'est pas si chère qu'on le dit. Il est évident que les anglais moyens ont un pouvoir d'achat plus élevé que les Français moyens. Il suffit de regarder leurs voitures pour comprendre...On dirait qu'elles sortent toutes de chez le concessionnaire.

Ce que j'apprécie ici aussi c'est les trottoirs propres, l'herbe verte et bien taillée.
J'en ai donc la preuve, oui, l'herbe est plus verte ailleurs.

J'aime bien le quartier mais c'est un peu trop calme à mon goût, trop résidentiel. Je pense déménager dans un endroit plus proche du centre à l'avenir.

J'ai acheté un carnet pour noter des mots de vocabulaire. Parce que des fois ça peut porter à confusion. Je ne savais pas que drap se dit sheet par exemple...

vendredi 10 octobre 2008

La mode londonienne.


Il n'y a pas une mais des modes londoniennes. Des habits traditionnels indiens, jamaicains, saoudiens aux dernières créations, tout est permis.

Créativité ou mauvais goût?

A vous de voir...ICI.

jeudi 9 octobre 2008

09.10.2008


Hier soir mon essai au restaurant ne s'est pas trop mal passé, en plus c'était calme. Comme c'est un resto français on fait semblant d'appliquer l'étiquette versaillaise. Du style, ramasser les miettes après le plat, même s'il n'y a pas de miettes. Disons que c'est folklorique...

Aujourd'hui il faisait beau encore.
C'est le chantier dans la maison, les moquettes ont été refaites et des ouvriers ont investi les lieux. Du coup, j'en ai profité pour virer plein de meubles inutiles de la chambre, avec le consentement de la propriétaire, mais sans celui de ma colocataire. Cette dernière est trop bordélique, ces travaux seront une bonne occasion pour elle de faire du tri. Et j'ai aussi fait de la place pour moi dans la chambre car Kashia squattait les trois quarts des meubles...Vive la vie en communauté! Hier elle aurait du nettoyer les parties communes mais ne l'a pas fait, trop lazy pour ça.

Avec Delphine on reprend les choses en main car sous ce toit personne ne prend aucune initiative...

Today j'ai déposé un CV au pub pas loin. Les employés ont l'air tarés, ou bourrés, je sais pas...Et aussi dans un restaurant français à Clapham; le type a dit qu'il m'appellerai pour un training – je dois avouer que c'est tout de même plus simple de travailler avec des francophones au départ...

Je suis allée refaire une clé pour l'appartement et je peux enfin entrer et sortir à ma guise.

Delphine m'a montré des boutiques sympas à Clapham. On verra quand j'aurai un full time job. Pour l'instant ce week-end je vais travailler en extra au Petit Normand.

Demain je pense aller au centre, je n'y ai pas encore mis les pieds alors que ce n'est pas si loin. J'irai probablement voir des expos (Bacon et Rothko).

* Bonus: photo de ma dernière soirée frenchie.

08.10.2008


Il fait beau. Il paraît que tous les matins le ciel est bleu et dégagé mais que cinq minutes après tout peut changer...

Je fraternise avec les colocataires. Kashia raconte sa vie en guise de thérapie. Elle s'est séparée de son mec anglais qui devait partir en Australie. Mais finalement il ne part pas et a déjà trouvé une autre copine (il l'a marqué sur son profil facebook...). Donc elle déteste les hommes.
Concernant Ejazz, c'est moins palpitant. Sa petite amie n'en est pas vraiment une puisque Rachel est en réalité une poupée blonde gonflable que ses collègues (dont Delphine) lui ont offert pour son anniversaire.
Les deux pakistanais du bas sont toujours aussi insociables, RAS.

J'ai enfin mes propres clés. OK, à Tooting market ont peut faire des doubles bon marché mais ma clé ne fonctionne pas et tout à l'heure je me suis retrouvée enfermée à l'intérieur de l'appartement...

Concernant la faune et la flore locale, il me reste bien des endroits à explorer et des espèces à étudier. Dans le King George's park d'à côté il y a pas mal d'écureuils gris qui ne semblent pas farouches. Et des pigeons obèses qui doivent finir tous les restes de bouffe qui trainent. Delphine m'a dit que la nuit on pouvait croiser des renards dans la ville...Je ne sais pas si je vais sortir le soir en fait car pour me rassurer encore plus, elle a ajouté que toutes les semaines il y avait au moins un adolescent qui se faisait poignarder dans la rue. Et bien sur tout cela est rapporté dans la presse gratuite entre un article sur le criket et les frasques de Pete Doherty.

Concernant mon avenir professionnel, rien de concluant. J'ai reçu un email scandaleux de quelqu'un cherchant des filles « open minded » pour travailler dans un appartement, 750 pounds par jour. La prostitution, une voie à laquelle je n'avais pas songé à vrai dire...
Un autre mec m'a téléphoné pour un job mais c'était à l'autre bout de la ville alors tant pis...Je l'ai trouvé assez familier et friendly au téléphone. Suspect en fait. Mais Delphine m'a dit que c'est comme ça ici, quand on te téléphone pour un job on te parle comme si tu étais de la famille.

Hier soir, après notre thé à la violette (de Toulouse), Delphine m'a tiré les cartes. On ne croit pas vraiment à l'ésotérie, c'est plus pour le fun, comme lire son horoscope dans le journal. Donc, en gros, je vais galérer mais l'issue de mon séjour sera positive. Et il paraît que ce jeu de carte dit vrai car Delphine avait bien vu que Kashia allait se faire larguer vers le 27 septembre.

Il me tarde halloween. Je suis curieuse de voir ça. Kashia m'a dit que tous les gens étaient bourrés dans la rue. C'est loin de mes clichés avec des enfants sobres qui demandent juste des bonbons. Les magasins ont déjà sortis les citrouilles et à poundland (l'équivalent de « tout à un euro ») j'ai vu de sublimes costumes. A suivre.

Je trouve qu'il y a trop de gros gamins ici. Hier j'en ai vu un qui se gavait de je ne sais quel gâteau à la crème et en avait plein les doigts. J'avais envie de l'entarter avec. Au supermarché j'ai vu des gâteaux d'anniversaire aux couleurs fluo; je n'oserai pas manger de ces gloubiboulga là au risque de me transformer en Casimir...
Ici, ils ne connaissent pas les produits bio. Tous semble plus insipide, comme s'ils avaient ajouté de l'eau dans mon jus d'orange et mon yaourt. Le jaune d'oeuf est blanc. Puis dans le quartier on ne trie pas les déchets...Ils sont vraiment comme ces américains jemenfoutistes. Du genre à se dire, « après moi, le déluge ».

...

Cette après-midi, sun bath au parc. Comme il fait beau, les gens jouent au tennis – il y a pas mal de terrains. A tester même si je ne me souviens même plus des règles du jeu.

J'ai rencontré les collègues du boulot à Delphine, Yann et Sam qui sont cuisiniers au petit Normand. Des Français exilés depuis des années.

Pinte de cidre au pub d'en face. Faut croire que ça devient déjà une habitude.

Ce soir je fais un training au restaurant d'en bas. Il paraît qu'il faut dire « Bon appétit », c'est plus typique.

mercredi 8 octobre 2008

07.10.2008


Bien sûr il ne fait pas beau. Mais ici comme ailleurs, il ne pleut que sur les cons comme on dit...

Hier soir avec Delphine j'ai testé le pub d'en face, The park tavern. Assez cosy, 3 pounds la vraie pinte de cidre, pas comme celles qui sont insipides et hors de prix en France... Il paraît qu'on peut se connecter là-bas, je pense que ça fera un bon prétexte pour y mettre les pieds. Je ne comprends toujours pas pourquoi Delphine arrive à pirater la connection de je ne sais qui et pas moi alors que je suis juste un étage en dessous. La vie est mal faite.

Pas de photos pour l'instant. Et oui, je suis old school avec mon appareil photo argentique. Ca laisse libre cours à votre imagination...

Aujourd'hui on est allées à Tooting market, un marché dans le quartier indien. On y trouve des produits frais pas chers et tout un tas de babioles. Ca me rappelle un peu Arnaud Bernard à Toulouse...Je pense que j'irai acheter mes fruits et légumes là-bas car au supermarché c'est trop cher! Les prix de la nourriture ne me choquent pas vraiment, c'est pas donné en France non plus...Mais bon, ici la gamme de produits est plus limitée. Y a tout un tas de pain de mie qui sert à rien mais on trouve quand même des baguettes acceptables. Et je suis désormais fan des cookies. Y a des trucs en boite qui m'intriguent, je suis certaine que c'est dégueulasse mais je testerai quand même.

J'ai rencontré la propriétaire de l'appartement où je suis. Elle s'appelle Christina, c'est une polonaise mariée avec un français, ils vivent ici depuis vingt ans. En bas de chez moi ils ont un restaurant, « Le petit normand » (à prononcer avec l'accent british). Comme on est chez les libéraux, Christina ne m'a même pas demandé mon nom ni un centime pour la chambre. Demain je vais sûrement travailler pour elle, elle me montrera comment ça se passe comme ça si elle a besoin d'une serveuse...J'ai aussi mis une annonce online en mentant, disant que j'avais de l'expérience dans la restauration, que j'étais ici depuis un mois et avais de bonnes connaissances en anglais...

Sinon, j'ai aussi appris que je pouvais demander une équivalence de ma licence; ce qui me permettrait de donner des cours de français et devenir riche (environ 2000 pounds par mois, il paraît).

Ce soir Delphine travaille. Je peux donc squatter sa chambre, sa connection. C'est difficile de ne pas avoir sa propre chambre. Kashia qui la partage avec moi fait des études de comptabilité ici depuis deux ans, et fait je ne sais quel job à côté. Elle a mon âge, parle bien anglais, semble sympa mais bon...

J'ai aussi croisé les deux autres Pakistanais qui ont leur chambre au rez de chaussée. Ils disent à peine bonjour. Delphine s'est disputée avec eux pour une histoire de ménage (c'est des porcs); du coup je pense qu'ils détestent les Françaises en général...

Sinon j'aime bien prendre le bus, et m'asseoir en haut, comme une grosse touriste, pour regarder le paysage qui défile.

*La chanson qui va avec : La pluie fait des claquettes - Nougaro.

06.10.2008


Me voilà Merton Road, dans le quartier de Clapham junction au sud de Londres...

Flash back: ce matin départ 10h35 de l'aéroport de Toulouse. Tinou est venue me dire au revoir armée d'un panneau « goodbye Robert, have fun » avec photo du crew des Glandues. Ca m'a rendue nostalgique d'un coup...

Enfin, le moment fatidique est arrivé et il a fallut embarquer. Quand j'ai dit au revoir à papa j'ai vu ses yeux embués. Je suis partie sans me retourner. Mais de la porte d'embarquement au décollage de l'avion, j'ai passé une heure à pleurnicher. Je me disais c'est normal, mais je me trouvais débile en même temps, me disant que c'était moi qui avait acheté ce putain de billet d'avion. On ne se prépare jamais assez psychologiquement...

Je me suis sentie heureuse et excitée jusqu'au moment où il a fallut embarquer. Je n'étais pas trop triste de dire au revoir à tout le monde. Puis là, seule, dans l'attente je repensais à mes grands-parents, ma mère, ma soeur, mes amis escazeauciens, Audrey, Warda, Perrine...Et l'euphorie est retombée d'un coup.

J'ai même pas pu dormir dans l'avion pour oublier, des gamins braillaient. J'avais choisi le côté du hublot pour regarder le paysage. La ville rose qui devient minuscule. Puis quelques heures après, les moutons qui se dessinent sur l'herbe verte; et des villas immenses avec cours de tennis qui m'ont fait penser à Match Point de Woody Allen.

Ma valise de 33kg40 était un boulet et j'ai cru ne jamais arriver jusqu'au train...En plus, j'avais médité ma phrase pour acheter mon billet, cela durant tout le vol. Et le mec du guichet n'a même pas compris. Imaginez ma déception...

Delphine est venue me chercher à Clapham. Le quartier semble sympa; cosmopolite et middle class. Il y a un centre commercial pas loin, un grand parc, des pubs. Tout ce qu'il faut pour survivre en somme.

Je partage une chambre avec une polonaise, dans la même maison que Delphine. Cette dernière mériterait d'être canonisée... Heureusement qu'elle est là pour m'aider à m'intégrer à la vie londonienne...Je ne me sens pas seule. On est deux à avoir envie de vin et de fromage – les autres habitants de la maison sont Pakistanais, plus du genre à faire cuire des chapatis en fait.

Nous sommes donc six à vivre sous le même toit, je n'ai pas encore rencontré tout le monde. Je ne paie pas cher, 55 livres par semaine. Mais bon, ça me dérange un peu de partager la chambre et ne pas avoir mon propre espace. C'est un début.

Ca m'a rassurée de voir qu'un des Pakistanais, Ejazz (ne me demandez pas comment s'écrit son nom, c'est déjà bien que je m'en souvienne) parle plus mal anglais que moi et arrive à survivre ici... Il ne parle pas français – enfin si, il connait juste des insultes. Normal quoi.

Y a mille trucs à dire.
La prochaine fois.

PS: je me sens lésée car depuis sa chambre qui est au troisième, Delphine parvient à pirater le wifi de je ne sais qui alors que moi qui suis au second n'y arrive pas...

vendredi 3 octobre 2008

Bienvenue sur le blog d'Elodee


Option numéro 2 : je quitte la France pour Londres.

Le programme des réjouissances à venir: je raconte ma vie.


* La chanson qui va bien: London calling, The Clash.